Développement & Prévention

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La mesure du risque › Les principaux accidents technologiques majeurs


TRANSPORT: LA VOULTE SUR RHONE

Transport

La Voulte sur Rhône, France - Ardèche, Le 13 janvier 1993 Déraillement d’un train de transport de marchandises dangereuses, contenant des hydrocarbures liquides.

Un train de transport de marchandises dangereuses formé de 20 wagons déraille à la sortie d’un tunnel au sud de la Voulte sur Rhône à cause d'un échauffement non détecté (boite chaude) qui entraîne le sectionnement d'un essieu. Sur la totalité du convoi 7 wagons contenant 80m3 d’essence respectivement se renversent. La violence du choc, même à faible allure, provoque l'ouverture des orifices de quatre citernes. un violent incendie se déclenche et produit simultanément l'explosion des citernes.

la quasi totalité du carburant répandu se disperse et propage l'incendie à plusieurs centaines de mètres du premier foyer. Bilan environnemental et matériel très lourd: 15 habitations détruites, 1 000 personnes évacuées dont 100 non relogées pendant 4 mois. Sur environ 300 m3 déversés ( 560 m3 dont +/- 40% consumés) un tiers de la quantité pollue la nappe phréatique ce qui entraînera un coût total de réhabilitation d'environ 10 M€. Quelques blessés légers uniquement.

Sources: Ministère de l'écologie (MEDD) dossier risques technologiques majeurs TMD décembre 2002 - assemblée nationale, rapport enregistré le 29/1/02 industrielles - Ministère de l'écologie (MEDAD) journal N°26 / janvier 2006 - TGI jugement correctionnel du 24 avril 2002 –

Nota : Boîtes chaudes: échauffement des boîtes d'essieux. Normalement des détecteurs enregistrent régulièrement tout au long des voies les températures des essieux.

PETROCHIMIE: LA MEDE

Pétrochimie

LA MEDE, France le 09/11/1992 Raffinerie de Provence, sud de l'étang de Berre Total (Total Petrochemicals France)

Suite à la rupture d'une canalisation aérienne due à la corrosion, une fuite d'hydrocarbures gazeux et liquides d'environ 9 t provoque une très violente explosion ressentie jusqu'à 30 km. Le site est dévasté sur 2 ha et les vitres sont brisées dans un rayon de 1 000 m.

Le bilan humain est lourd : 6 morts et 7 blessés. Compte tenu de l'importance des dégâts le site ne pourra reprendre la production qu'en 1994. En dépit d'investissements à hauteur de prés de 200 M.€, dont 25% affectés pour la sécurité, un dysfonctionnement identique se reproduit en 2005 avec la fuite de plus de dix tonnes d’hydrocarbures survenue le 7 août. Par chance le mistral éloigne le nuage d'hydrocarbures gazeux et liquides de la torchère évitant un nouvel accident majeur. De nombreux défauts sont mis en évidence dont le rejet des hydrocarbures par les soupapes de la colonne de distillation atmosphérique qui ne sont pas reliées à la torchère. La ministre de l'écologie de l'époque dénonça publiquement les dysfonctionnements répétés sur ce site...

Sources: assemblée nationale, rapport enregistré le 29/1/02 commission d'enquête sur la sûreté des installations industrielles - Ministère de l'écologie (MEDAD) journal N°26 / janvier 2006 - TGI Aix en Provence jugement correctionnel du 24 avril 2002.

TRANSPORT: LOS ALFAQUES


TRANSPORT LOS ALFAQUES Espagne, le 11 juillet 1978, explosion d'une citerne routière au bord du camping "les dunes de sable" donnant sur la méditerranée (Costa Brava) le long de la RN 340 entre San Carlos de la Rápita et Alcanar, 100 km au sud de Tarragone. Transporteur Cisternas Reunidas, véhicule de transport utilisé: camion citerne de 45 m3 de contenance théorique sans aucun dispositif de décompression. Usine de chargement (industriel chargeur): Enpetrol (Empresa Nacional del Petróleo) Tarragone.

Le camion citerne de la société de transport Cisternas Reunidas quitte la raffinerie de Tarragone vers 12h30 chargé de 23T470 de propylène, gaz liquéfié inflammable[1] ce mardi 11 juillet. Dans les faits à charge relevés par le tribunal de Tarragone apparaît la surcharge à hauteur d'environ 23 % par rapport à la contenance maximale de la citerne, ce qui équivaut en poids à plus de 4T. En raison de cette surcharge, à l'approche du camping après environ 2h00 de conduite sous une température extérieure élevée, en plein soleil, se produit une explosion. La cause reste indéterminée entre le renversement du véhicule en raison de la surcharge ou la défaillance possible d'un orifice à cause de la surpression interne liée à l'élévation de la température. Conséquence de la fuite, un début d'incendie se déclare au premier contact du gaz avec une source d'ignition. L'incendie se communique alors au chargement de gaz et produit un effet de BLEVE[2] . L'incendie se propage instantanément au chargement entier avec l'explosion de la citerne que l'on retrouvera à quelques 200* mètres (une partie, non vérifié*) du point d'impact, un cratère profond de 2* mètres. La totalité du chargement de gaz repasse de l'état de liquide comprimé à son état initial gazeux et se détend dans un très large rayon. En un temps éclair l'espace est ainsi consumé sous une température de prés de 1000°C. Le bilan humain est le plus lourd connu en Europe pour ce type d'accident, prés de 215 morts et 67 blessés. En raison de cet accident la réglementation Espagnole impose aux véhicules chargés de marchandises dangereuses de suivre un itinéraire qui évite les zones urbaines.

Quelles sont les références techniques qui permettent de déterminer la surcharge:

L'analyse du conseiller à la sécurité pour le transport des marchandises dangereuses.
L'Espagne a adhéré le 22 nov 1972 (a) à l'accord européen relatif au transport international des marchandises dangereuses par route. En conséquence, l'ADR était formellement applicable en juillet 1978.
Les responsabilités de cet accident ont été relevées lors de la réunion spéciale du COMITÉ DES TRANSPORTS INTÉRIEURS d’experts sur la Convention sur la responsabilité civile pour les dommages causés au cours du transport de marchandises dangereuses par route.
En l'espèce, le propylène est classé sous le numéro ONU 1077 (UN), les caractéristiques de remplissage des citernes sont fixées à 0,43 kg par litre de capacité. Ceci concerne toutes les citernes conformément à l'ADR (§ 4.2.5.2 - 4.3.3) pour le propylène sous forme liquéfiée. Les critères de construction des citernes fixes, de modèle correspondant à celui incriminé, sont composés actuellement d'ouvertures de remplissage ou de vidange en partie basse avec trois fermetures et équipé de soupape de sécurité. Ces prescriptions n'étaient probablement pas exigibles en 1978.
Cependant la surcharge est avérée en raison d'une masse maximale admissible de 19T350 pour 45 m3 de contenance de la citerne. L'excédent de poids de plus de 4T est mentionné dans les relevés d'expédition de l'usine. Ces éléments corroborent la probabilité d'une fuite suite à la rupture d'un orifice de la citerne ou sur le réservoir. Un croquis existant représente la citerne explosée en plusieurs parties et en particulier la cabine du camion projetée à environ 100 mètres dans le sens du roulage du véhicule.

Sources:[3]

LosAlfaques.gif

Notes

[1] Le volume d’un litre de gaz liquéfié peut comprendre jusqu’à 70 fois son volume initial à l’état gazeux, et plus en raison de la surcharge très importante de ce chargement.

[2] Boiling liquid expanding vapor explosion, c'est à dire ébullition et retour à l'état gazeux initial avec réoccupation de l'espace du gaz à l'état libre simultanément à une explosion, concerne les gaz liquéfiés.

[3] Audiencia Provincial de Tarragona Rapport d'enquête du 11 janvier 1979 - exposé du ministère public du 23 janvier 1982 -TRANS-AC8-06f_-LosAlfaques_2_.pdf UNECE RAPPORT DE LA REUNION SPECIALE des 7-9 juillet 2003

CHIMIE: BHOPAL

CHIMIE



BHOPAL Inde le 3 décembre 1984, dispersion accidentelle de matières toxiques dans l'atmosphère. Etat du Madhya Pradesh, centre ouest de l'union Indienne Une fuite occasionnant la dispersion dans l'atmosphère de plusieurs dizaines de tonnes d'isocyanate de méthyle* survint en raison de l'élévation de la pression d'une cuve de stockage par réaction exothermique.

Par une froide nuit d'hiver, l'aire de stockage de la cuve 610 contenant 41m3 de MIC* est restée sans surveillance pendant plus d'une heure. Le témoin d'alarme de température étant désactivé et le circuit de refroidissement hors d'usage, la température et la pression augmentèrent à l'intérieur du réservoir 610 suite à un dégagement de chaleur anormal. L’eau au contact du MIC est à l’origine de la forte réaction exothermique qui provoqua une élévation de température telle que l'enveloppe en béton se fissura. Cependant le réservoir n'explosa pas mais l'épurateur (laveur de gaz) se révéla inopérant en laissant massivement s'échapper les gaz extrêmement toxiques du MIC ainsi vaporisé.

La quasi totalité du contenu du réservoir se dispersa dans l'air en prés d'une heure avant que les équipes d'incendie ne réussissent à refroidir ce dernier et contenir les gaz mortels. Deux théories s'opposent pour expliquer la présence d'eau, élément déclencheur de la réaction exothermique du MIC. Une opération peu probable de lavage à l'eau des circuits de l'installation (avec des cuves remplies, version officielle) à laquelle s'oppose le rapport présenté à Londres en mai 1988 qui suppose une introduction volontaire d'eau par un branchement direct sur le réservoir 610, compte tenu des caractéristiques des circuits et de la présence des différents clapets anti-retour sur l’installation.

Il n'en est pas moins que cet évènement reste la catastrophe chimique majeure. le nombre de morts s'élève à plusieurs dizaines de milliers dont 2 à 3000 dans les quelques jours suivants pour plusieurs centaines de milliers de personnes intoxiquées.

Sources: Bhopal Conference On Preventing Major Chemical Accidents London, England May 1988 The Institution of Chemical Engineers - U.S. Chemical Safety and Hazard Investigation Board Testimony before the U.S. Senate Homeland Security and Government Affairs Committee


CHIMIE: SEVESO

CHIMIE


SEVESO Italie Le 10 juillet 1976, dispersion accidentelle de matières toxiques dans l'atmosphère Usine ICMESA (Givaudan - Roche) sur la localité de Meda (20 km nord de Milan) voisine de Seveso particulièrement exposée et quelques autres villages voisins également concernés par les retombées.

Fabrication de trichlorophénol (TCP), produit de l'industrie pharmaceutique Emballement d'un réacteur de synthèse chimique qui provoqua la diffusion dans l'atmosphère d'un à plusieurs kilos de tetrachlorodibenzo-p-dioxine très toxique, appelée dioxine.

Une tranche de production de TCP est lancée le 9 juillet à 16h00. Après plusieurs heures de réactions chimiques, le samedi 10 juillet à 02h30 le suivi du diagramme des températures laisse penser à la fin du processus de fabrication. Vers 4h45 le mélange est agité pendant encore 15 minutes.

Les opérateurs de production quittent l'usine ce samedi matin à 06h00 après avoir fermé les circuits du réacteur alors que la réaction est en fait inachevée. En l'absence de surveillance la réaction repart et fait monter en pression le réacteur par le dégagement anormal de chaleur du processus chimique. La pression finit par faire rompre le disque de sécurité du système de décompression qui entraîna la libération de dioxine dans l’atmosphère.

Le bilan pour la santé humaine fût très lourd, lésions diverses, augmentation des leucémies, avortements provoqués, ... Prés de 800 habitants furent évacués durant plusieurs mois. Leur retour ne pu être autorisé qu’après décontamination des habitations. Le sol sévèrement contaminé entraîna la mort en masse des animaux (petits animaux sauvages, poules, lapins) de la zone la plus atteinte à cause de l'empoisonnement direct. L'abattage de dizaines de milliers d'animaux s'en suivit afin d'éviter la contamination à l'homme par la chaîne alimentaire. La directive CE "SEVESO" visant à réglementer les installations dangereuses est liée à cet accident. Sources: Roche Seveso A chronology of events- J.F. Narbonne Dioxines le point sur les connaissances